L'Evangile au deuxième siècle

 

En examinant la formation historique de l'Evangile-Nouveau Testament, entre le moment où Jésus a commencé à prêcher et celui où Jean écrivit le dernier récit de l'Evangile, entre 80 et 95, nous n'avons pas trouvé de preuves d'une possible altération de la Bible.

La photo 1 présentée à la page 122 et la photo 5 à la page 167 montrent des manuscrits (papyri) datant de l'an 200 environ. A eux seuls, ces deux documents constituent presque 40% de notre Evangile-Nouveau Testament. Les Nouveaux Testaments dont nous nous servons chaque jour, aussi bien en anglais qu'en français ou en arabe, sont traduits à partir de ces documents, du moins lorsque le texte du manuscrit le permettait.

Mais durant la centaine d'années qui sépare les écrits de la fin du premier siècle de ces papyri de la fin du second siècle, le texte de l'Evangile-Nouveau Testament n'a-t-il pas pu être altéré? C'est à cette question que répondra le paragraphe suivant.

Les témoins post-apostoliques

Clément de Rome (96 ap. J.-C.)

Dans la première partie de ce chapitre, nous avions déduit que la première lettre aux Corinthiens avait été écrite vers l'an 55 de notre ère. Quarante ans plus tard, en 96, un certain Clément, évêque de Rome, écrivit une lettre à l'Eglise de Corinthe, comme Paul l'avait fait avant lui. Dans cette lettre, Clément écrit : "Reprenons la lettre du bienheureux apôtre Paul."(1)

A quelle lettre Clément fait-il allusion? A la Première Epître aux Corinthiens, cette lettre qui constitue le premier écrit de la doctrine de l'Evangile. Il cite le passage de 1 Corinthiens 15.20, en disant :

"... Le Seigneur ne cesse de nous montrer les indices de la future résurrection dont il nous a donnés les prémices, en ressuscitant des morts le Seigneur Jésus-Christ."(2)

A côté de nombreuses autres citations empruntées à 1 Corinthiens, Clément paraphrase, ou cite, des passages de l'Evangile de Matthieu et de cinq autres écrits du Nouveau Testament : 1 Pierre, Jacques, Hébreux, ainsi que les épîtres de Paul aux Romains et aux Ephésiens.

On peut considérer comme normal que Clément ait eu connaissance de la lettre de Paul aux Romains, puisqu'il appartenait à l'Eglise de Rome. Mais les autres lettres avaient été destinées à des églises disséminées en Grèce et dans ce qui est la Turquie actuelle. Cela prouve combien très tôt ces lettres ont circulé parmi les chrétiens, au même titre que les versets des Sourates du Coran circulaient parmi les premiers musulmans.

En outre, nous constatons sur l'extrait ci-dessus qu'il ne s'était effectué aucun changement dans la doctrine de l'Evangile, entre le moment où Paul écrivit, en 55, et celui où Clément en fait une citation quarante ans plus tard.

Lettre de Polycarpe aux Philippiens (an 107)

Polycarpe est né en 69 ou 70 de notre ère, en Asie (actuelle Turquie). Il entendit l'évangile de la bouche de l'apôtre Jean qui vécut sa vieillesse en Turquie. D'après Irénée, Polycarpe aurait eu de nombreux entretiens familiers avec plusieurs personnes qui avaient vu le Christ.(3) Vers la fin de sa vie, il devint évêque de l'Eglise de Smyrne, à environ 65 km au nord d'Ephèse. Smyrne existe encore, mais sous le nom d'Izmir, une ville de 200 000 habitants.

Vers l'an 107, Polycarpe écrivit une lettre à l'Eglise des Philippiens, Eglise fondée par Paul dans les années 49-50.

Dans sa lettre, il se réfère "aux apôtres qui nous ont prêché l'Evangile et aux prophètes qui nous ont annoncé la venue du Seigneur" (VI.3). A trois reprises, il mentionne Paul nommément, et rappelle que Paul avait prêché aux Philippiens et leur avait aussi écrit. Il attribue à la lettre de Paul aux Ephésiens le titre d' "Ecriture", ce même mot désignant déjà la Torah de Moïse.

"Je suis assuré que vous êtes très versés dans les Saintes Lettres... comme il est dit dans ces Ecritures : Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas; que le soleil ne se couche pas sur votre colère (citation d'Ephésiens 4.26). Heureux qui s'en souvient... Que Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et lui-même, le grand prêtre éternel, le fils de Dieu, Jésus-Christ, vous fasse grandir dans la foi et dans la vérité... "(4).

"... Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a accepté pour nos péchés d'aller au-devant de la mort ;... Sans le voir, vous croyez en lui avec une joie ineffable et glorieuse, à laquelle beaucoup désirent parvenir, et vous savez que c'est par grâce que vous êtes sauvés, non par vos oeuvres (citation d'Ephésiens 2.8). "(5)

Les extraits en caractères gras que nous avons soulignés montrent que Polycarpe acceptait résolument la doctrine de l'Evangile. Dans sa courte lettre de 7 pages environ, il fait allusion à l'Evangile selon Matthieu, au livre des Actes, à l'Epître aux Romains, à 1 Corinthiens, aux Galates, à 2 Thessaloniciens, à 1 Timothée, à 1 Pierre, à 1 Jean ainsi qu' à l'Epître aux Ephésiens. Dix des vingt-sept livres du Nouveau Testament sont donc mentionnés.

Ces dix livres, écrits dans des endroits aussi divers que la Palestine, la Turquie, la Grèce et Rome, étaient donc déjà bien connus de Polycarpe une quinzaine d'années après la mort de l'apôtre Jean. N'est-ce pas une preuve supplémentaire de la large diffusion des écrits du Nouveau Testament très tôt dans l'histoire ?

Pline le Jeune (an 112)

Le dernier témoin que nous allons citer est un historien romain. Pline le Jeune était gouverneur de la province de Bithynie (au nord de la Turquie) en l'an 112. En sa qualité de gouverneur, il écrivit de nombreux rapports à l'empereur Trajan et lui demandait des directives pour administrer sa province. Il se plaignait de ce que plus personne ne sacrifiait aux divinités romaines (idoles) et de ce que les temples étaient tombés en ruines à cause des chrétiens. Il commença à mettre à mort les chrétiens qui refusaient d'adorer la statue de l'empereur ou de sacrifier aux dieux romains. Il s'efforça de les amener à "maudire le Christ". On lui avait dit, en effet, qu'aucun chrétien authentique n'abjurerait sa foi au Christ.

Dans la même lettre Pline décrit ce peuple éprouvé :

"Ils affirment que leur seul crime, ou leur seule erreur, c'est de s'assembler à jour marqué avant le lever du soleil, pour chanter tour à tour des hymnes à la louange du Christ comme d'un Dieu. Ils s'engageaient par serment, non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol, de brigandage, d'adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt."(6)

Ainsi, dans le témoignage de cet auteur païen, les extraits en caractères gras attestent que les chrétiens professaient leur foi en la doctrine de l'Evangile et qu'ils étaient même prêts à sacrifier leur vie pour elle.

Anciens manuscrits de quelques-uns des livres de l'Evangile-Nouveau Testament

Fragment papyrus de l'Evangile selon Jean daté de 135 environ

Le plus ancien manuscrit d'une portion d'un livre néo-testamentaire est un fragment de l'Evangile selon Jean. Il se trouve à la Bibliothèque John Ryland à Manchester et porte le N° p 52. Comme le montre la photo 4, il s'agit d'un tout petit papyrus qui ne comporte que Jean 18.31-33 sur une face et quelques mots des versets 37 et 38 sur l'autre.

Malgré la petitesse de ce manuscrit, celui-ci revêt une grande importance à cause de son ancienneté et du site sur lequel il a été découvert. Le Dr Bruce Metzger, professeur de langues et de littérature néo-testamentaires au Séminaire Théologique Princeton, en donne une appréciation détaillée dans son ouvrage The Text of the New Testament. Voici un extrait :

"En se basant sur le type d'écriture, C.H. Roberts (qui découvrit le manuscrit) data ce fragment de la première moitié du second siècle. Bien que tous les savants ne soient pas d'accord sur l'étroitesse de la fourchette de datation, des paléographes comme Sir Frederic G. Kenyon, W. Schubar, Sir Harold I. Bell, Adolf Deissmann, Ulrich Wilcken et W.H.P Hatch partagent le jugement formulé par Roberts."

"Bien que le texte figurant sur ce papyrus soit très réduit, il n'en possède pas moins, pour un point particulier, une valeur aussi estimable qu'un codex entier... En effet, il prouve l'existence et la diffusion du quatrième Evangile (celui de Jean) dès la première moitié du second siècle, et ce, dans une petite ville de province, sur les bords du Nil, bien loin de l'endroit où l'on situe traditionnellement la rédaction de cet Evangile (Ephèse, dans l'actuelle Turquie). "(7)

(Photo 4 omise)

Photo 4: Papyrus p52 daté antérieurement à 150. Il comporte Jean 18.31-33.

Si nous admettons comme date à laquelle ce manuscrit a été copié l'an 135, nous avons une preuve que l'Evangile selon Jean était en usage en Egypte, le long du Nil, 40 ou 45 ans après sa rédaction. Il y avait donc à cette date des centaines de copies de cet Evangile qui étaient lues par des centaines de milliers de chrétiens.

Alors, si quelqu'un avait souhaité modifier le contenu de l'Evangile écrit ou de la doctrine de l'Evangile, comment aurait-il pu falsifier ou changer les mots dans tant de copies simultanément, ou modifier la connaissance qui s'était profondément ancrée dans tant de coeurs et de consciences ?

Papyrus de 1'an 200

Les deux derniers manuscrits que nous voulons examiner sont des papyri datés de 200 environ. Le premier, répertorié p75 se trouve actuellement à la Bibliothèque Bodmer, à Coligny, près de Genève, en Suisse. Il devait comporter, à l'origine, les Evangiles selon Luc et selon Jean. Sur les 144 pages que comptait le manuscrit, il en reste 102, soit 70 %. Il constitue la plus ancienne copie connue de l'Evangile selon Luc et l'une des plus anciennes de l'Evangile selon Jean.

L'intérêt de ce document, c'est qu'il possède intacts les trois derniers chapitres de Luc et les treize premiers de Jean en entier, ce qui est de la plus haute importance pour l'étude de la doctrine chrétienne.

Le premier chapitre de Jean fait allusion à la préexistence de la "Parole" de Dieu, "Parole" qui s'est incarnée. Les trois derniers chapitres de Luc font état de la mort de Jésus sur la croix et de trois de ses apparitions après la résurrection. Sur le document de la photo 5 figure le récit de ces trois apparitions : la première, aux deux disciples sur le chemin d'Emmaüs ; la seconde, à Pierre ; et la troisième, à tous les apôtres réunis, à l'exception de Thomas. La photo 7 du chapitre I de la sixième section présente le texte de Jean 14.16 du même papyrus.

Quant au second manuscrit envisagé dans ce paragraphe, nous en avons déjà présenté une photo à la page 122 (photo 1). Il est constitué de 86 feuilles d'un Codex papyrus qui en comptait 114 à l'origine. Nous possédons par conséquent environ 75% du texte initial. Il est conservé au Musée Chester Beatty à Dublin, en Irlande. Il comprend dix Epîtres de Paul classées dans l'ordre suivant : Romains, Hébreux, 1 et 2 Corinthiens, Ephésiens, Galates, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Thessaloniciens. Comme on peut s'attendre d'un document aussi ancien, le début et la fin du manuscrit sont endommagés et le texte correspondant à ces pages est perdu. Néanmoins, 1 Corinthiens, rédigé en 55, cité par Clément en 96 et par Polycarpe en 107, est quasiment intact.

J'insiste sur le fait que 70% du contenu des deux Evangiles et 75% du contenu des lettres de Paul sont conservés dans ces manuscrits. Ces pourcentages élevés garantissent la fiabilité des conclusions qu'on peut tirer. Si les 70% et les 75% des anciens textes en notre possession sont en parfait accord avec les textes plus complets que nous avons et qui datent de 150 ans plus tard, on peut raisonnablement affirmer que les 25 ou 30% perdus seraient également en harmonie. De plus, il faut remarquer que le contenu de ces manuscrits représente près de 40% de la totalité de l'Evangile-Nouveau Testament.

Le Dr Bucaille écarte ces papyri à l'aide d'une phrase : "Des documents antérieurs, des papyri du III° siècle, un qui pourrait dater du II° (voir le p52 ci-dessus), ne nous transmettent que des fragments."(8) On peut supposer que le Dr Bucaille, médecin, ne considérerait pas qu'après l'amputation d'une jambe, les 75% restants de l'homme ne représentent plus qu'un fragment!

Quoi qu'il en soit, pour ma part, je maintiens que 70% de l'Evangile selon Luc et selon Jean constituent plus "qu'un fragment". Cette forte proportion de texte similaire prouve que l'Evangile écrit et la doctrine de l'Evangile étaient en l'an 200 identiques à ce que nous possédons aujourd'hui.

(Photo 5 omise)

Photo 5: Papyrus p75, daté de l'an 200 contient 3 apparitions de Jésus après sa résurrection (Luc 24.31-50).

Autres témoins en faveur du texte de l'Evangile du second siècle

Traductions

Entre les années 150 et 180, le Nouveau Testament fut traduit en vieux latin et en syriaque, appelé aussi araméen. Nous ne possédons pas les originaux de ces traductions, mais nous en avons des copies datées des 4° et 5° siècles.



Le diagramme 4 présente un cas de filiation entre trois manuscrits. S'il y a concordance entre le texte de la traduction latine C daté du 5e siècle et celui d'une copie grecque remontant à l'an 200 ou 350 (sans que le latin soit la traduction directe de ce manuscrit grec B), c'est bien la preuve que nous possédons le texte exact du manuscrit grec d'origine A de l'an 150, date de la traduction.

Citations de l'Evangile-Nouveau Testament faites par des auteurs chrétiens primitifs

Pour ne citer qu'un exemple, je mentionnerai le témoignage de Tertullien, auteur chrétien ayant vécu entre 160 et 220. Il était ancien dans l'Eglise de Carthage, en Afrique du Nord. II fait, dans ses écrits, plus de 7000 citations des écrits du Nouveau Testament, dont 3800 pour les seuls récits de l'Evangile. La comparaison entre le texte de ses citations et celui correspondant de nos versions actuelles prouve à l'évidence qu'il n'y a aucun changement notable.

Copies complètes de I'Evangile-Nouveau Testament du milieu du 4e siècle

Enfin, bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler du texte du second siècle, je rappellerai l'existence du Codex Vaticanus, présenté sur la photo 3, à la page 146, ainsi que celle du Codex Sinaïticus. Les deux manuscrits remontent au milieu du 4e siècle, donc peu après le début de 1ère monastique, période au cours de laquelle, d'après le Coran, il y avait d'authentiques chrétiens sur la terre (Sourate du Fer, Al-Hadid, 57.27). La photo 6 montre le premier chapitre de l'Evangile selon Jean. Ces manuscrits ainsi que les papyrus plus anciens, sont à la base des traductions modernes. Selon toute évidence, ils contiennent la doctrine de l'Evangile.

(Photo 6 omise)

Photo 6: Codex Sinaïticus du milieu du IVe siècle. Dans cet extrait figure le texte: "Le Logos (Verbe) a été fait chair et il a habité parmi nous" (Jean 1.14).

Diagramme présentant ma formation et la diffusion de l'Evangile

En résumé, nous pouvons dire que dès l'an 200, l'Evangile de Jésus le Messie, tel que nous le possédons aujourd'hui, était connu dans tout l'Empire romain. Le diagramme suivant présente simplement, et dans ses grandes lignes, la formation et la diffusion de l'Evangile. Ce diagramme fait le pendant à celui que nous avons établi pour le Coran.

Je voudrais que le lecteur reconsidère l'accusation portée contre les chrétiens d'avoir changé l'Evangile. Compte tenu des arguments présentés, posons-nous à nouveau la question :

COMMENT SAVONS-NOUS QUE L'EVANGILE N'A PAS ETE ALTERE ?

Cette fois-ci, j'aimerais répondre par d'autres questions !

"Quand aurait-il pu être changé ?"

Les disciples de Jésus auraient-ils modifié l'Evangile de leur vivant? Aucun chrétien ne peut accepter une telle hypothèse. Aucun musulman n'accepterait qu'une accusation similaire soit portée contre Abou Bakr et contre Omar. Même si la dernière page de l'Evangile selon Marc a été égarée, il n'en demeure pas moins que le TOMBEAU ETAIT VIDE ! Et les apparitions de Jésus à ses disciples, après la résurrection, sont décrites d'une façon suffisamment détaillée et complète dans les trois autres Evangiles.

Alors, l'Evangile aurait-il été falsifié entre 90 et 150 ? Il y avait à cette date des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de croyants un peu partout dans l'Empire romain. Des centaines, peut-être des milliers, de ces croyants avaient entendu l'Evangile de la bouche des disciples mêmes de Jésus. Peut-on imaginer sincèrement qu'un changement important soit intervenu sur un point fondamental de la doctrine durant cette période ? Une telle initiative paraît totalement impossible.

Un éventuel changement serait-il intervenu entre 150 et 200 ? Les traductions, les citations et d'importants manuscrits de cette période, témoignent tous en faveur d'un même texte et contiennent tous la même doctrine de l'Evangile.

Devant une telle accumulation de preuves, NOUS, CHRETIENS, CROYONS que l'Evangile-Nouveau Testament actuel est rigoureusement conforme à ce qu'il était à l'origine.

 

 


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1. Les Ecrits des Pères apostoliques, L'Epître de Clément de Rome, coll. Foi Vivante, section 47, p. 74. [retourner au texte]

2. Ibid, section 24, p. 57. [retourner au texte]

3. Adv. Haer., III, 3, 4. [retourner au texte]

4. Lettres aux Eglises, Polycarpe, coll. Foi Vivante, p. 92. [retourner au texte]

5. Ibid., p.84. [retourner au texte]

6. Pline le Jeune, Epîtres X, 96. [retourner au texte]

7. Metzger, op.cit., p.39. [retourner au texte]

8. Bucaille, op.cit., p.85. [retourner au texte]